Repérages fantastiques

Le pays de Salon, cadre de ces contes, étend son territoire entre les Alpilles au nord, le pays d’Aix à l’est, les plaines de la Crau à l’ouest et l’étang de Berre au sud. Au centre de ce petit pays, une ville s’est bâtie autour de son château médiéval, Salon-de-Provence, la magistrale, brillante d’un passé qui a marqué l’Histoire. Ici, vécurent et séjournèrent des personnages illustres, Adam de Craponne, Nostradamus, la reine Catherine de Médicis, le roi Charles IX ou encore les archevêques d’Arles.

Cet ouvrage est une ode à Salon-de-Provence et au charme bucolique des villages qui constituent le terroir salonais. Il répond à un projet, celui de raconter des histoires ayant pour décor ce qui fait le charme de ce pays, les grottes de Calès à Lamanon, le corso fleuri à Pélissanne, les ruines du vieux village à Vernègues, la rue du Passe-temps à Cornillon, le château de l’Empéri à Salon, la maison des Templiers à Lançon, la Touloubre à La Barben, l’hippodrome à Bel-Air, le chemin de croix à Alleins, le marché à Eyguières, sans oublier le cadre bucolique de Grans, d’Aurons, de Pont de Rhaud. Treize communes pour treize histoires extraordinaires, tour à tour mystérieuses, émouvantes, effrayantes, burlesques.

Treize, comme le numéro du département des Bouches-du-Rhône. Treize, chiffre porte-bonheur dans la croyance populaire. Treize, comme les treize desserts de Noël en Provence. Treize, comme vendredi treize, jour bénéfique ou maléfique. Treize, comme le nombre de convives au dernier repas du Christ. Treize, comme la crainte superstitieuse de se retrouver treize à table. Treize, comme le nombre de pleines lunes dans une année. Treize, comme les treize communes et hameaux du pays de Salon qui sont le théâtre des treize contes fantastiques du Fantôme de l’Empéri.

Ces histoires sont imaginaires. Elles font la part belle au merveilleux, à l’invraisemblable, au fantastique. Au détour des pages, apparaissent des créatures inquiétantes, fantômes, démons, gnomes, fées, revenants, objets insolites, et le Diable en personne dans toute son immonde apparence, or ce joyeux sabbat fait plus rire que peur. Malgré leur expression fantasmagorique, ces histoires finissent par tourner à la galéjade.

Les personnages, rustiques, truculents, sont les héros malgré eux de ces aventures surnaturelles. Leur parler est émaillé d'expressions marseillaises dont l'usage n'est pas très convenable, mais nous sommes en Provence, pays de Marcel Pagnol. Ici, le langage est allègrement ponctué de « putain » et de « con », comme l’exige le parler marseillais, frivole et coloré. Les non-initiés buteront sur des termes qui défient la bienséance littéraire, tels que « dégun » pour dire personne, « bordille » insulte signifiant bon à rien, « un moulon » pour dire beaucoup, « faire un mourre (de six pieds de long) » pour dire bouder, faire la tête, « niaille » pour dire niais, « caguer » pour dire s'en moquer, à défaut d’une traduction plus triviale. Sans oublier l’impétueux « boudiou » qui veut dire bon Dieu (ou ma Doué en Bretagne).

Dans la région de Marseille, on dit souvent « fatche de con », « fan de chichoune », « fan des pieds » ou simplement « fan » (prononcer [fan] et non [fane]), ces occurrences ne se traduisent pas mais s'emploient pour exprimer la surprise, la stupeur, l'irritation. Un conseil, ne dites jamais à un Marseillais qu'il est brave car en Provence, être « brave », c’est être limité intellectuellement, aussi, il n’hésitera pas à vous empéguer et vous serez relégué, estransiné, escagassé ; en d'autres termes, il va vous molester et vous serez blessé, effondré, abattu.

Et si les lutins, les gnomes, les farfadets et les fées n’étaient pas seulement une légende. Qui peut prétendre que les fantômes n’existent pas ? Qui peut se prévaloir qu’un soir de vague à l’âme, il ne rencontrera pas le Diable ? Au fil des pages, le fantastique apparait ici comme une dimension parallèle, un monde différent, une autre réalité où tout devient possible.

Astuce littéraire, le dernier mot de chaque histoire est le nom de la commune dans laquelle elle se déroule. Terminer un conte comme on quitte une ville ou un village, en jetant nonchalamment un ultime regard sur le panneau indicateur au bord de la route. Il en va ainsi de la lecture de ces pages, d’un conte à l’autre, c’est un voyage à travers le pays salonais sur le chemin de la féérie.

 

Repérages

L'objet de cette galerie n'est pas de mettre en valeur l'attrait touristique des villages mais de présenter les décors où se déroulent les treize histoires fantastiques.

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Salon-de-Provence (Le fantôme de l'Empéri)

Le château de l’Empéri est hanté. Un fantôme s’adresse à une jeune guide du musée pour lui demander de l’aider à sortir de la forteresse par une porte mystérieuse. Or la porte est condamnée et elle a une peur bleue des fantômes.
Note : La photo centrale représente la porte cachée par le rideau vert (à droite).
 

Pont-de-Rhaud (La pizza enchantée)

Un camion pizza s’installe dans un hameau. Personne encore ne soupçonne l’extraodinaire portée qu’aura le pizzaïolo sur cet endroit isolé dont la tranquillité sera mise à mal par les effets envoutants d’une simple pizza.
Note : La photo de droite représente la place où s'installe le camion pizza.
 

Lamanon (Les hôtes de Calès)

Des parents et leurs trois jeunes enfants bivouaquent aux grottes de Calès. En pleine nuit, ils sont réveillés par des clameurs. Ils se lèvent pour intervenir quand ils tombent nez à nez avec des hommes bourrus, un flambeau à la main, qui les forcent à les suivre.
 

Vernègues (Les ruines du diable)

Un homme désespéré tente de mettre fin à ses jours en sautant des ruines du château lorsqu’il est interrompu par un vieil homme qui n’est autre que le diable en personne. Satan lui propose de devenir son serviteur et d’arranger les choses en échange de son âme.
 

Aurons (Le rêveur du Val de Cuech)

Une infirmière rentre chez elle dans la nuit après avoir été appelée pour une urgence. Sur la route, elle croise un homme qui marche, affublé d’un étrange costume. Désirant faire la connaissance de ce bel inconnu, elle ira de surprise en surprise.
Note : La première photo représente la route du Val de Cuech.
 

Alleins (La gardienne des croix)

En hiver, plusieurs automobilistes sont témoins de l’apparition nocturne d’une femme en longue robe sur la route du calvaire. D’abord effrayés, ils tentent de savoir qui est cette belle noctambule. C’est finalement le curé du village qui percera le secret de la mystérieuse dame blanche.
Note : La photo centrale représente les deux croix portant le même énigmatique numéro 11 (sur la gauche).
 

Pélissanne (Un char d'enfer)

C’est le grand jour du corso fleuri. Alors que le défilé s’engage dans la foule, un char de feu surgit du ciel et atterrit sans ménagement au milieu du convoi. D’abord fasciné, le public va réaliser avec effroi que l’attraction spectaculaire est une intervention du démon.
Note : La troisième photo représente la statue de la fontaine du pélican.
 

Bel Air (L'escarcelle magique)

Un chômeur trouve une bourse qui a le pouvoir de fournir l’argent nécessaire à ses dépenses les plus fastueuses. Mais il en voudra toujours plus et se lancera aveuglément dans un pari hippique à l’hippodrome de la Crau. La chance va alors très mal tourner pour lui.
 

Grans (Trois nuits de liesse)

Un touriste arrive un matin au village et s’aperçoit que toutes les maisons et tous les commerces sont fermés. Il n’y a pas le moindre signe de vie dans les rues, il y règne un silence angoissant. Face à cette situation inexplicable, il appelle au secours. C’est alors qu’un volet s’ouvre...
Note : La photo de droite représente le chemin de la Gaillère.
 

Cornillon (Rue du Passe-Temps)

Une rue du village est le théâtre d’apparitions qui bouleversent ceux et celles qui en sont témoins. Une jeune guitariste sera profondément touchée par une émouvante vision. Un villageois la consolera et lui apprendra que le phénomène dure depuis longtemps.
 

Lançon-Provence (La bricole)

La fête foraine bat son plein. Un fêtard est intrigué par une curieuse attraction devant laquelle une vieille femme lui propose d’acheter un ustensile sans intérêt. D’abord réticent, il finit par accepter son offre en ignorant que l’objet ouvre la porte d’un monde effrayant.
Note : La photo de gauche représente la maison des Templiers. Celle du milieu, une fontaine contemporaine qui a inspiré la bricole.
 

Eyguières (Les fruits défendus)

Un retraité achète des fruits au marché, comme chaque semaine. En croquant une pomme, ses dents se heurtent à un objet douloureux qui le tétanise. C’est le début d’une série noire dont les fruits, l’un après l’autre, seront les supports d’une manifestion paranormale.
Note : Le personnage de Geneviève, sur la photo de gauche, est un des rares personnages réels du livre.
 

La Barben (Le petit peuple de la Touloubre)

La veille de Noël, un randonneur se prépare à bivouaquer près de la Touloubre. Il est effrayé par une créature hostile mi-homme mi-bête qui le harangue dans un drôle de langage. Il décide de quitter l’endroit quand il est accosté par un nain de jardin qui l’invite à le suivre.
Note : Près du terrain de sport, à droite, la cabane en bois de l'histoire n'existe pas.

 

 

Dom's - 23 janvier 2025 à 08:31

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